Je vous remercie pour l’accueil splendide et touchant que vous m’avez réservé et, à travers moi, à la France toute entière, car c’est la France qui vous visite en moi. Elle vous devait cette visite, et vous ne pouvez savoir comme il peut être émouvant pour moi de me trouver parmi vous.
Vous avez, Monsieur le Maire, évoqué très justement le souvenir de Champlain. C’était un grand Français; il voulait faire quelque chose et il l’a fait. Sans doute, les vicissitudes de l’Histoire ont-elles agi dans un sens qu’il ne prévoyait pas. Ce qu’il a fait n’en est pas moins magnifique et aujourd’hui plus que jamais nous sommes en mesure de l’apprécier.
Vous avez démontré l’importance du Canada français à notre époque. Cette importance ne fait aucun doute et rien ne pouvait m’en convaincre davantage que cette visite parmi vous. Cette visite a lieu à la veille d’une rencontre internationale où le monde choisira entre la guerre et la paix. Venant ici après mon voyage en Angleterre et avant celui que je ferai aux États-Unis, je m’aperçois qu’il existe, à proprement parler, une grande famille d’hommes libres qui se verront offrir l’opportunité de diminuer, enfin espérons-le, la tension qui existe présentement dans le monde.
Il est essentiel pour nous d’établir et de renforcer une solidarité universelle. J’ai conversé avec M. Macmillan et je ferai bientôt de même avec le général Eisenhower. Laissez-moi vous assurer du plaisir que j’ai eu à rencontrer entre-temps un homme aussi compréhensif que le premier ministre de votre pays, M. Diefenbaker, qui manifeste au plus haut point lucidité et fermeté, ces deux qualités si nécessaires à notre époque.
Pour revenir enfin à ce que j’avais d’abord à l’esprit, permettez-moi de vous dire que la pensée et la volonté françaises sont d’une importance vitale pour le bien de l’humanité, et vous Canadiens français, qui avez su avec vos ancêtres conserver intact l’héritage de votre culture, soyez assurés que vous avez par le fait même rendu un immense service à votre peuple, à la France, à tout le monde libre.
Vive Québec!
Vive le Canada!
Vive la France!
Source : L’Action catholique, 21 avril 1960.