Mon premier mot est pour vous dire à quel point je suis ému d’abord de me trouver à Québec et ensuite d’être reçu comme vous le faites ce matin. Quand nous nous regardons, je sais bien à qui nous pensons. Nous pensons d’abord à la France, car c’est elle, la France, qui vous visite aujourd’hui. (…)
La France, si profondément qu’elle soit tombée dans l’abîme, a largement recommencé à remonter la pente.
Je ne crois pas que la France ait jamais vécu dans ses deux mille ans d’histoire des jours aussi sombres, car elle a été trompée ou trahie par ceux qui prétendaient avoir pris le pouvoir pour la sauver. Vous voyez bien qu’elle émerge. Elle reparaît au soleil de la liberté et de la grandeur. Elle est toujours la France immortelle.
Votre sympathie, votre amitié, nous les considérons comme un témoignage à la France. C’est la preuve que vous avez toujours pensé qu’elle vivrait. Vous avez eu raison. La guerre n’est pas finie, elle n’est pas gagnée, mais elle le sera. Il est maintenant certain que la France sera tout entière aux côtés de ses alliés. Elle continuera d’être fidèle à ses grandes traditions morales, à sa destinée et à sa vocation.
Je remercie Québec. Votre accueil m’a touché. Avec vous je dis : Vive le Canada! Vive le Canada français! Vive la France!
Source : Le Soleil, 12 juillet 1944.