Adresse à la foule rassemblée sous le balcon de l’hôtel Windsor de Montréal - 12 juillet 1944

Chers amis,

M. le maire de votre ville vient de dire que Montréal est la deuxième grande ville française du monde par sa population. Elle est aussi la plus grande ville du Canada. Je n’ai pas besoin d’en ajouter davantage pour vous dire qu’elle peut être mon émotion de me trouver parmi vous.

Ce que vous acclamez en moi qui vous parle, vous le sentez tous, c’est la France!

Oui, la France qui a traversé et qui traverse encore les plus terribles jours de sa longue et dure histoire. La France dont quelques-uns, pas très nombreux et pas très brillants, ont désespéré. Ils ont pensé qu’elle ne remonterait pas au niveau que Dieu lui a indiqué il y a 2000 ans. Ces gens qui ont douté de la France commencent à reconnaître leur erreur. Je pense que l’ennemi la reconnaît le premier et se désole de revoir la patrie unie.

Dans le monde entier, chacun voit, pressent la résurrection de la France. En effet, la France réapparaît non seulement avec un désir plus vif, une ardeur plus grande du progrès de manière à rebâtir sa grandeur, mais elle renaît avec l’intention d’être utile à tout le monde.

Aujourd’hui nous faisons la guerre, et vous, Canadiens, vous la faites bien. J’ai vu vos régiments à l’œuvre dans la bonne vieille Normandie. Mais demain, nous ferons la paix ensemble, nous, vous, nous tous hommes de bonne volonté. Nous la ferons entre amis, vous, nous et beaucoup d’autres. La paix se fera avec la France!

(Le général fait ensuite une pause, puis demande à la foule de crier après lui : Vive le Canada! Vive la France!)

Source : La Presse, 13 juillet 1944