Discours à l’anse au Foulon à l’arrivée du Colbert - 23 juillet 1967

Voici la quatrième fois en l’espace de 23 années que j’ai l’honneur de me trouver ici. Je dois dire, Monsieur le Gouverneur général, que l’accueil que vous venez de me faire me touche aujourd’hui comme de tous temps. Entre le Canada dans son ensemble et la France, il n’y a en effet, il n’y eut, il n’y aura jamais qu’estime et amitié. Je me félicite d’avance d’aller prochainement à Ottawa vous saluer, saluer le gouvernement canadien et l’entretenir au nom de mon pays des rapports qui concernent le vôtre et le nôtre.

Monsieur le Premier ministre, c’est avec une immense joie que je suis chez vous au Québec, au milieu des Canadiens français, pour toutes sortes de raisons qui s’appellent le passé que nous n’oublions et n’oublierons jamais, qui s’appellent le présent où le Québec, nous le savons, a pris un grand essor moderne, et pour des raisons qui s’appellent l’avenir, parce que ce que vous faites, comme vous dites «  en français », de ce côté de l’Atlantique et ce que fait en français le vieux pays de l’autre côté, c’est en somme une même œuvre humaine, et de cela, tous, autant que nous sommes, qui pensons, voulons, parlons français, nous le sentons jusqu’au fond de notre âme. Voilà les sentiments qui m’animent en venant à votre aimable invitation visiter une fois de plus le Québec, mais cette fois je le sais, je le vois, je le sens, au milieu de la grande évolution qui entraîne ce pays.

De la part de la France, je n’ai rien d’autre à dire que l’affection, le souvenir et l’espérance.

Vive le Canada!
Vive les Canadiens français!
Vive le Québec!
Vive la Nouvelle-France!
Vive la France!

Source : La documentation française. Textes et notes. Voyage du général de Gaulle, Président de la République. 23-26 juillet 1967. Paris, le 4 septembre 1967.