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Alors que de virulentes critiques au discours du balcon de l’hôtel de ville se font entendre dans la presse canadienne, et que Pearson a convoqué un conseil des ministres à midi, de Gaulle entame la journée du 25 juillet en suivant le programme établi. Il se rend tout d’abord au Ritz-Carlton, dans le centre-ville, pour une rencontre avec les représentants de la communauté française de Montréal. Au cours des discussions, de Gaulle souligna «le rôle très important des Français pour Montréal, le Canada français et le Canada dans son ensemble».
Le président de la République arrive ensuite sur le site de l’Exposition universelle, qu’il va visiter à l’occasion de la Journée nationale de la France. À 10h15, il est accueilli par le commissaire général, Pierre Dupuy, entouré de Daniel Johnson et de Jean Drapeau, puis se rend à la Place des Nations, où se déroule une cérémonie officielle. La population s’est déplacée en grand nombre pour saluer de Gaulle. Face à la tribune où il prend place, plus de 10 000 personnes, «foulant aux pieds le protocole qui exigeait le plus grand silence durant toutes les cérémonies officielles […], ont acclamé avec un enthousiasme délirant» le président français. En passant en revue les soldats du Royal 22e Régiment, poursuit un journaliste du Montréal-Matin, de Gaulle a carrément «oublié sa fonction officielle et ne fit que saluer la foule en levant les deux bras dans un geste qui lui est familier [1]».
Dans son allocution de bienvenue, Pierre Dupuy déclara que l’objectif de l’Exposition était «la recherche d’un dénominateur commun entre tous les hommes, afin de prouver que ce qui les unit est plus puissant que ce qui les divise. C’est la recherche de la paix dans le monde entier». Il termina son discours en anglais, après avoir souligné que le président et sa délégation étaient bilingues. Prenant la parole, de Gaulle fait l’éloge des lieux qu’il visite et déclare «combien est impressionnante cette imposante, cette magnifique réception à l’Exposition universelle canadienne de Montréal». Soulignant la participation de son pays, il déclare que la France fait cette contribution «de grand cœur, […] avec ce qu’elle peut tirer de son propre génie et qui est toujours au service de l’homme. Du reste, ajoute-t-il, je sais avant même de l’avoir visitée que cette extraordinaire exposition est consacrée au service de l’homme. C’est un témoignage de plus, c’est le premier témoignage qu’il convient de lui rendre et c’est le témoignage que la France lui rend». Il déclara qu’il allait, avec beaucoup de plaisir et d’intérêt, visiter le pavillon de la France, le pavillon du Canada, le pavillon du Québec et, «quelques instants, les pavillons d’un certain nombre de pays du monde qui, même quand ils se trouvent, en apparence, plus ou moins dans des camps séparés, sont tous des amis de la France». En tant que Français, conclut-il, «c’est une joie particulière pour moi, de constater que cela se fait à Montréal, sur le sol du Québec, du Canada français», clôturant son discours par un «vive le Canada et vive le Québec [2]».
Comme convenu, de Gaulle entame sa visite par le pavillon de la France, qu’il qualifie de «grande réussite nationale [3]». Réalisé par l’architecte Jean Faugeron, ce bâtiment, reconnaissable par son immense structure en acier, sera légué par la France à la fin de l’Expo67, et demeure encore aujourd’hui un des derniers témoignages de ce que fut cette grande manifestation.
Après avoir parcouru le pavillon canadien, de Gaulle se dirige vers le pavillon du Québec. À l’entrée, le président salue la foule et fait l’objet de nouvelles acclamations, dans une véritable cohue. Il a fallu «l’intervention d’une centaine de policiers pour contenir l’enthousiasme populaire», rapporte un journaliste, qui ajoute que dans la foule, on entendait des slogans tels que «Johnson l’a voulu, de Gaulle l’a dit, vive le Québec libre [4]».
À 13h15, le président fut convié à un déjeuner offert par le commissaire Dupuy au restaurant Hélène de Champlain. La délégation se rendit ensuite à Habitat 67, pour visiter l’appartement où résidait Dupuy. À 16h, de Gaulle reprit le chemin de l’Expo, pour aller dans les pavillons des États-Unis, de l’Union soviétique, de l’Italie, de l’Allemagne fédérale, l’ancienne RFA, et de la Grande-Bretagne, auquel il ne consacra que cinq petites minutes, avant de finir par la Place d’Afrique, entourée par un ensemble de six pavillons regroupant 15 pays du continent.
L’accueil chaleureux réservé au général de Gaulle lors de sa visite de l’Expo démontre que la population québécoise a accueilli plutôt positivement le discours prononcé la veille au balcon de l’hôtel de ville. Dans la presse, les avis sont partagés. Le journal Le Soleil critique sans ambages la visite du général de Gaulle qui, «au lieu de rapprocher davantage nos deux pays, les aura éloignés l’un de l’autre [en raison] des propos déplacés tenus sur les problèmes de politique intérieure canadienne [5]». Plus mesuré, Claude Ryan écrit dans Le Devoir que de Gaulle a utilisé des «formules lapidaires qui, prises au pied de la lettre, l’engagent dans les débats de politique intérieure les plus houleux». Il suggère que, plutôt que de s’immiscer dans ces controverses intérieures, «de Gaulle a sans doute voulu parler d’affranchissement et de libération pour le Québec au sens plus général, le plus élevé qu’on puisse donner à ces expressions». Le président devra toutefois «clarifier sa pensée», affirme Ryan, pour ne pas compromettre «les heureux fruits que tous, mais surtout les Canadiens français, comptaient tirer de cette visite [6]».
Dans le journal La Presse, les commentaires sont plus positifs. Un article affirme que les quatre mots du général de Gaulle «ont suffi pour ouvrir l’abcès, pour mettre à nu une crise qui aujourd’hui secoue la pays». Face à des «milliers de Montréalais [qui] se sont enivrés» des mots du président français, «de Gaulle s’est offert comme libérateur, ils l’ont accepté. De Gaulle leur a proposé la liberté, l’indépendance, ils l’ont acclamé». Dans son éditorial, Guy Cormier note que l’accueil réservé à de Gaulle «par une population habituellement peu démonstrative équivaut à plébiscite. La vie et la liberté étant les deux plus grands biens de ce monde, on pourrait se demander où exactement réside le scandale dans une exclamation comme vive le Québec libre». Les discours prononcés par de Gaulle illustrent «d’ailleurs admirablement la plupart des grands thèmes proposés à la conscience québécoise depuis cinq ou six ans, tantôt par M. Lesage (Maîtres chez nous), tantôt par M. Johnson (Égalité ou indépendance) [7]». Dans le Nouvelliste de Trois-Rivières, un journaliste écrit que de Gaulle, plutôt que d’encourager le séparatisme, a souhaité par ses propos inciter les Canadiens français «à prendre conscience de leur valeur, à devenir maîtres d’eux-mêmes pour organiser en conjonction avec les autres Canadiens les moyens de sauvegarder leur substance et leur indépendance [8]».
Les commentaires plutôt modérés de la presse québécoise tranchent radicalement avec la situation qui prévaut dans le Canada anglais, où une vague d’indignation grossit à travers le pays. Dans les journaux du matin, les critiques sont virulentes et dénoncent une ingérence inexcusable dans les affaires intérieures canadiennes. Le Toronto Globe and Mail écrit que depuis son entrée au pays, «de Gaulle a appuyé de tout son poids la cause du séparatisme au Québec, [venant] exacerber un problème intérieur difficile». «De Gaulle a commis l’une des bourses les plus monumentales de la diplomatie» s’insurge un journaliste du North Bay Nugget, tandis que le Toronto Star affirme que «nous devons prendre pour acquis que de Gaulle a délibérément offensé et insulté le Canada». Si le premier ministre Pearson «avait la moitié de la fierté nationale du président français, il décommanderait la visite que le général doit faire demain à Ottawa et lui conseillerait de quitter le Canada immédiatement. Une telle attitude ne serait pas sage. Nous souhaitons que Pearson informe privément le président de Gaulle que sa conduite a été grossière, de mauvais goût et complètement inacceptable [9]».
Comme au Canada, les propos tenus par de Gaulle soulèvent un véritable tollé dans l’opinion publique internationale, à l’image du New York Times, qui qualifiera le président français de «Trublion au Canada». En raison du décalage horaire, les journaux français ne produiront que le lendemain les réactions au discours de Montréal, et tous condamneront fermement l’attitude du général de Gaulle.
Pendant la journée, plusieurs éditorialistes affirment à la radio que l’unité du pays «vit ses heures les plus sombres». Le chef de l’opposition conservatrice, Diefenbaker, dénonce une «intrusion inadmissible dans les affaires intérieures canadiennes» de la part du président français, qui se veut «se faire l’architecte du démembrement de la Confédération». À Ottawa, le bureau du premier ministre reçoit plusieurs centaines de télégrammes de citoyens et d’associations indignés par la conduite du général de Gaulle.
Après avoir longuement discuté avec Paul Martin durant la matinée, Lester Pearson rassemble son cabinet à midi. Malgré la colère de certains ministres, le premier ministre veut adopter une position mesurée. Après quelques heures de travail en petit comité, il convoque une nouvelle réunion des ministres, vers 15h45, et présente le texte de la déclaration qu’il compte diffuser. Sur les conseils de Paul Martin, Pearson adopte une attitude conciliante et appelle de Gaulle à venir le rencontrer à Ottawa, tout en dénonçant les propos tenus la veille. À 18h, le premier ministre livre sa déclaration au cours d’une conférence de presse télévisée :
Je suis sûr que les Canadiens d’un bout à l’autre du pays se sont réjouis du chaleureux accueil que le président de la France a reçu au Québec. Cependant, certaines déclarations faites par le président ont tendance à encourager une faible minorité de notre population qui cherche à détruire la Canada et, comme telles, sont inacceptables pour le peuple canadien et son gouvernement.
Les habitants du Canada sont libres, toutes les provinces du Canada sont libres. Les Canadiens n’ont pas besoin d’être libérés. En vérité, des milliers de Canadiens ont donné leur vie durant deux guerres mondiales pour libérer la France et d’autres pays d’Europe. Le Canda restera uni et rejettera toute tentative visant à détruire son unité.
Le Canada a toujours eu des relations spéciales avec la France, pays d’origine d’un si grand nombre de ses citoyens. Nous attachons la plus grande importance à notre amitié envers le peuple français. Le gouvernement du Canada dans le passé comme maintenant a toujours eu le vif désir de renforcer cette amitié. J’espère que mes entretiens avec le général de Gaulle, plus tard cette semaine, montreront qu’il partage ce désir [10].
À Ottawa, l’ambassade de France est informée de la déclaration du gouvernement canadien. L’ambassadeur Leduc étant à Montréal, un des ses subalternes se rend au ministère des Affaires extérieures pour recevoir officiellement le communiqué des autorités fédérales [11].
À 17h45, après avoir terminé sa visite de l’Exposition universelle, de Gaulle, qui n’a pas encore eu connaissance des termes du discours de Pearson, prend la direction du pavillon français, où doit se tenir en soirée un dîner officiel. Les membres de sa délégation s’affairent aux derniers préparatifs du repas car de nombreux invités canadiens ont décliné l’invitation en signe de protestation, comme le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Louis Robichaud, qui a télégraphié son refus de prendre part au dîner organisé par les autorités françaises. Parmi les absents figure également le ministre des Affaires extérieures, Paul Martin, qui est resté à Ottawa.
Au cours de la soirée, de Gaulle prononce une brève allocution et salue la présence des dignitaires assis à sa table. S’adressant à Daniel Johnson, il déclare : «Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de cette visite au Québec. Ni vous, ni moi n’avons perdu nos heures. Peut-être quelque chose se sera-t-il passé? Si, dans cette occasion, le président de la République a pu être utile aux Français du Québec, il s’en réjouira profondément [12]». Il continue en saluant le cardinal Léger puis le commissaire Pierre Dupuy, pour son rôle joué dans «l’extraordinaire Exposition de Montréal». Au maire Drapeau, il affirme être «littéralement ébloui» par la ville de Montréal. À la fin de son discours, de Gaulle porte un toast en l’honneur du Québec et de la France, en omettant soigneusement de citer le gouvernement fédéral [13].
Daniel Johnson prend la parole à son tour, et commence par souligner la chaleur de l’accueil réservé à de Gaulle :
Après ce que vous avez vu et entendu depuis votre arrivée au Québec, je n’ai pas besoin de vous redire notre affection pour la France. Bien mieux que des mots, cette affection s’est exprimée par l’accueil fervent et spontané de tout un peuple. Vous avez vu la joie qui illuminait les visages et faisait battre les cœurs des centaines de milliers de Québécois accourus sur votre passage. Vous avez pu constater à quel point nous sommes restés français.
«Des Français bien sûr, qui sont quand même de l’Amérique du Nord», continue Johnson, qui souligne que l’histoire, la géographie, le climat et les institutions politiques et sociales, de même que les «relations étroites, et heureuses à bien des points de vue, qui nous unissent aux anglo-canadiens» et nos à voisins américains «ont contribué à modifier notre physionomie». Cependant, «nous avons une façon d’être, de sentir, de raisonner qui fait que, même quand nous utilisons des formules et des institutions de conception britannique, nous le faisons à la française». Il poursuit :
On entend dire parfois que nous sommes restés français, c’est parce que, dans les circonstances où nous étions placés, nous ne pouvions guère agir autrement. Dieu sait pourtant que d’autres options nous furent souvent proposées, tantôt d’une façon brutale, tantôt avec une insistance plus subtile. Il eût été facile de nous laisser glisser sur cette pente. Nous avons choisi de rester nous-mêmes. Et je suis convaincu que notre choix a été le bon, même pour le Canada.
«La langue et la culture ne sont pas les seuls dons que nous ait légués la France» continue Johnson, il en est un autre auquel «nous attachons le plus grand prix : c’est le culte de la liberté. […] Pas seulement des libertés personnelles, mais aussi des libertés collectives, [et] je ne sache pas qu’il existe, au moins en Amérique du nord, un territoire où l’on ait, plus qu’au Québec, le respect des minorités ethniques, religieuses et même idéologiques». Réclamant «le même respect et la même libéralité pour les minorités françaises des autres provinces et pour la nation canadienne-française dans l’ensemble du Canada», il ajoute : «Nous croyons que, petites ou grandes, toutes les nations ont droit à la vie et à la maîtrise de leur destin».
Soulignant ensuite l’importance des échanges économiques et des accords de coopération signés avec l’Hexagone, «qui nous permettent de nous associer plus étroitement que jamais à la vie et au progrès de la France moderne», Johnson affirme que le Québec pouvait «devenir le trait d’union entre l’Europe et l’Amérique» : nous sommes «dans la situation unique d’un peuple qui, nourri de culture française, ayant fenêtres ouvertes sur l’Europe, participe de plein droit à la civilisation nord-américaine dont il est partie intégrante». Il souhaitait ainsi que le Québec ouvre «une ère nouvelle où sur la scène mondiale notre patrie pourra jouer le rôle de partenaire compréhensif, de trait d’union de la bonne volonté universelle». Au terme de son discours, Johnson conclut : «Les longues heures que vous avez bien voulu passer, Monsieur le Président, dans notre patrie québécoise nous disent que vous croyez en cet avenir. Au nom du peuple canadien-français, je vous en remercie [14]».
Après l’allocution du premier ministre Johnson, la soirée se poursuit par une réception organisée sur la terrasse du pavillon français. Vers 23h00, de Gaulle prend congé de ses invités.
Dès son arrivée à la résidence de Bordaz, de Gaulle est informé des propos tenus par le premier ministre Pearson. Offensé par les termes utilisés dans le communiqué, le président français se tourne vers ses proches conseillers. Les avis sont partagés : alors que Couve de Murville reste silencieux, Leduc, l’ambassadeur de France à Ottawa, plaide pour se rendre dans la capitale fédérale afin d’éviter une rupture avec le gouvernement canadien. Xavier de la Chevalerie, directeur de cabinet du général de Gaulle, exprime pour sa part des réticences à aller à Ottawa, «où l’ambiance risquait d’être glacée [15]». À la suite de cette discussion, de Gaulle tranche et annonce qu’il n’ira pas à Ottawa. Il appelle alors le premier ministre Pompidou pour lui faire part de sa décision. Au cours de leur discussion, Pompidou lui annonce que la presse et de l’opinion française ont réagi très négativement au discours du balcon.
De Gaulle ordonne ensuite à Couve de Murville de communiquer sa décision aux autorités fédérales. Faute de pouvoir s’entretenir avec Paul Martin, qui est à Ottawa, le ministre français téléphone à l’ambassadeur Jules Léger et lui annonce que le général de Gaulle ne se présentera pas dans la capitale canadienne. L’ambassadeur transmet la nouvelle à Marcel Cadieux, le sous-secrétaire du ministère des Affaires extérieures. Celui-ci communique avec les assistants du premier ministre Pearson et de Paul Martin qui n’apprendront la nouvelle que le lendemain matin, à leur réveil.
Samy Mesli, historien
1. «Une foule enthousiaste», Montréal-Matin, 26 juillet 1967.
2. Allocution du général de Gaulle à la Place des Nations de l’Exposition universelle en réponse au mot de bienvenue du Pierre Dupuy, 26 juillet 1967.
3. «"Très impressionnant" a déclaré le général de Gaulle lors de sa visite du pavillon français», Nice Matin, 26 juillet 1967.
4. «À l’Expo, nouveau triomphe pour le général de Gaulle», Le Devoir, 26 juillet 1967.
5. «Vive le Québec libre», Le Soleil, 25 juillet 1967.
6. «Qu’a voulu dire le général ?», Le Devoir, 25 juillet 1967.
7. «De Gaulle a été plébiscité», La Presse, 25 juillet 1967.
8. «Les lendemains d’une visite historique», Le Nouvelliste, 25 juillet 1967.
9. Cité par Christophe Tardieu, La dette de Louis XV, Paris, Éditions du Cerf, 2017, p. 69.
10. Communiqué du premier ministre Pearson, Le Devoir, 26 juillet 1967.
11. Dale C. Thomson, De Gaulle et le Québec, Éditions du Trécarré, Saint-Laurent, 1990, p. 270-271.
12. Toast adressé au premier ministre Johnson à l’issue du dîner offert au pavillon de la France à l’Exposition universelle, 25 juillet 1967.
13. Christophe Tardieu, op. cit., p. 95.
14. Allocution de Daniel Johnson au dîner offert par le général de Gaulle au pavillon de la France, 25 juillet 1967.
15. Xavier de la Chevalerie, «Témoignages», Revue Espoir, 1997, n. 112, p. 12.