Le voyage de Charles de Gaulle au Québec du 23 au 26 juillet 1967

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Partie 1 — Les préparatifs du voyage

Au printemps 1966, Montréal est en pleine effervescence. La ville se prépare à recevoir les millions de touristes qui vont venir visiter l’Exposition universelle, dont l’ouverture est prévue le 28 avril 1967. Pour le gouvernement canadien, cet évènement est l’occasion de souligner le centenaire de la confédération et d’accueillir des dignitaires venus des quatre coins du globe.

Au Québec, les élections du 5 juin 1966 marquent, contre toute attente, la défaite du Parti libéral de Jean Lesage. Artisan des grandes réformes de la Révolution tranquille, le gouvernement Lesage est battu par l’Union nationale, dirigée par Daniel Johnson. Lors de la campagne électorale, menée sous le slogan «égalité ou indépendance», Johnson a affirmé son intention de faire du Québec un véritable État national, ce qui impliquait une extension de ses pouvoirs et de sa souveraineté, même sur le plan international». Responsable des relations extérieures sous Lesage, Claude Morin est maintenu à son poste et reçoit rapidement des assurances sur les intentions du nouveau premier ministre, qui se déclare «totalement favorable à l’ouverture du Québec sur le monde [1]».

Parmi les priorités de Johnson figure notamment le renforcement des liens avec la France. Depuis la signature, en 1965, des premières ententes de coopération, des liens féconds ont été établis entre les deux gouvernements. En juillet 1966, Johnson envoie à Paris deux de ses conseillers, Paul Gros d’Aillon et Jean Loiselle, pour signifier aux autorités françaises sa volonté d’accentuer et d’étendre la coopération. Le premier ministre souhaite également inviter officiellement le président de Gaulle au Québec à l’occasion de l’Expo67, ce qui va déclencher de vives querelles avec les autorités fédérales.

Les hésitations du général de Gaulle

De Gaulle, qui manifeste depuis 1960 un intérêt marqué pour le Québec, a déjà reçu une première invitation, celle du maire Drapeau. De passage à Paris et dans plusieurs capitales européennes pour faire la promotion de l’Expo67, le maire de Montréal avait été reçu à l’Élysée le 20 avril 1966. À cette occasion, Jean Drapeau avait convié le général de Gaulle à venir visiter l’Exposition universelle Montréal. Le président de la République l’avait remercié cordialement, sans toutefois donner suite à sa demande [2].

Le 6 septembre 1966, le gouvernement canadien fait parvenir une invitation officielle par l’entremise du gouverneur général, Georges Vanier, un ami personnel du président français qu’il a connu à Londres, pendant la guerre. Le 13 septembre, Daniel Johnson, par la voie du délégué général du Québec à Paris, Jean Chapdelaine, transmet deux lettres au président français. Dans la première missive, il affirme qu’il fera «l’impossible pour maintenir et développer encore davantage les relations entre [leurs] deux peuples qu’unissent des origines, des traditions et une langue communes», et exprime le souhait d’être reçu à l’Élysée. Le deuxième courrier invite, «au nom du gouvernement et du peuple québécois», de Gaulle à «être notre hôte dans notre capitale où vous attend l’accueil le plus chaleureux».

Dans un premier temps, la réception de ces invitations ne suscite aucun intérêt particulier chez de Gaulle. D’une part, il ne voit pas d’obligation à effectuer un séjour officiel au Canada, où il s’est déjà rendu en 1960, de même qu’il a reçu, à Paris, le premier ministre Lester Pearson en janvier 1964. De plus, certains points de désaccord, comme l’échec de la vente d’avions Caravelle à la compagnie Trans Canada et le refus du gouvernement canadien de vendre de l’uranium à la France, marquent une période de refroidissement avec Ottawa. En janvier 1967, quand l’ambassadeur de France à Ottawa suggère à de Gaulle d’envoyer un message de félicitations aux autorités canadiennes à l’occasion du centenaire de la confédération, de Gaulle lui répond que «nous n’avons pas à féliciter ni les Canadiens ni nous-mêmes de la création d’un "État" fondé sur notre défaite d’autrefois, et surtout l’intégration d’une partie du territoire français dans un ensemble britannique. Au demeurant, cet ensemble est devenu bien précaire [3]». Enfin, de Gaulle ne goutait guère, selon ses propres termes, l’idée d’aller «à la foire» de l’Exposition universelle.

Au début du mois de septembre, le ministre de l’Éducation, Christian Fouchet, effectue un déplacement au Québec. Quelques jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, après un séjour aux Nations-Unies à New York, se rend à Québec et à Ottawa, où son homologue Paul Marin réitère l’invitation lancée à de Gaulle. En octobre, le ministre d’État, Louis Joxe, est convié à Montréal pour représenter la France à l’inauguration du métro de Montréal. En janvier 1967, Michel Debré, un proche du président, visite à son tour le Canada. Tous dressent un portrait élogieux des réformes menées par le gouvernement québécois depuis la Révolution tranquille.

Au début de l’hiver, de Gaulle n’a toujours pas tranché. S’il se montre ouvert à accepter l’invitation du gouvernement québécois, l’idée d’aller à Ottawa ne l’enchante guère. Le principal désagrément aux yeux du président vient des règles protocolaires fixées par le gouvernement fédéral, qui imposent aux dirigeants étrangers d’arriver par l’aéroport militaire de la capitale canadienne.

De Gaulle traversera l’Atlantique

Une idée est alors avancée par Jean Chapdelaine, qui en fait part à l’entourage du président de Gaulle. Celui-ci pourrait arriver en bateau au Canada et remonter le fleuve Saint-Laurent, pour ainsi entamer son séjour au Québec [4. Ce projet semble également avoir été suggéré par Pierre-Louis Mallen, à la suite d’une discussion avec un ancien fonctionnaire fédéral [5]. À Québec, André Patry, nommé chef du protocole en juillet 1966, s’oppose à l’idée. Conseiller du premier ministre Johnson et de Jean Lesage avant lui, ce juriste réputé est le père de la doctrine Gérin-Lajoie, évoquée lors de la signature de l’entente franco-québécoise de coopération en éducation de février 1965 et qui stipule que le Québec peut négocier sur la scène internationale dans les domaines relevant de ses champs de compétences. Soucieux du respect du droit, Patry veut se plier aux règles édictées par Ottawa.

Les autorités québécoises apprennent toutefois que des accommodements seraient envisagés par Ottawa pour certains dignitaires étrangers, notamment le prince du Japon qui souhaitait arriver au Canada par la ville de Vancouver. Le 6 février 1967, Patry communique avec le responsable du protocole fédéral, Robert William Moncel, pour lui indiquer que le gouvernement du Québec ne se considérait plus lié aux accords passés avec Ottawa régissant l’accueil des dirigeants étrangers [6].

Le dernier obstacle à la visite du général de Gaulle venait ainsi d’être levé. Le 13 février 1967, Jean Chapdelaine se rend à l’Élysée, où de Gaulle lui confirme sa venue au Québec. Le président français évoque également les grandes lignes de son programme. Il comptait arriver par bateau le 22 juillet à Québec, pour y passer 36 heures. Il prendrait ensuite la direction de Montréal, et y resterait durant deux jours. Il s’envolerait enfin pour Ottawa et séjournerait 24 heures dans la capitale fédérale, avant de regagner Paris. De Gaulle exprima le souhait de faire une randonnée dans la campagne si le programme le permettait [7]. Chapdelaine communique l’information à Johnson, en lui demandant de garder la nouvelle sous embargo comme le souhaitait de Gaulle en raison des élections législatives dans l’Hexagone.

Ces informations sont toutefois rapidement ébruitées. Le 14 février, le ministre fédéral Jean Marchand fait part à ses collègues du cabinet de la décision du général de Gaulle et des premiers détails de sa visite. Paul Martin, sceptique, charge son sous-secrétaire aux Affaires extérieures, Marcel Cadieux, de contacter l’ambassadeur de France à Ottawa, François Leduc. Celui-ci nie avoir reçu des informations relatives au séjour du président. Le 17 mars 1967, un journaliste de La Presse, Peter Newman, révèle que de Gaulle compte arriver par bateau à Québec, provoquant la stupeur du gouvernement fédéral [8].

Ce n’est que le 15 avril, après le deuxième tour des élections législatives, que de Gaulle communique officiellement avec Ottawa, pour annoncer sa venue au Canada. Le même jour, il envoie un message à Daniel Johnson. Alors que les préparatifs de son séjour ont débuté depuis plus de deux mois, de Gaulle confirme qu’il accepte l’invitation des autorités québécoises. Il convie également le premier ministre à effectuer une visite officielle en France au mois de mai, afin de le rencontrer avant son voyage au Québec.

En dépit de cette annonce, Paul Martin, de passage à Paris le 23 avril, rencontre Couve de Murville et lui réaffirme que les autorités fédérales souhaitaient voir de Gaulle arriver à Ottawa, ajoutant que «si le président avait à cœur l’unité du Canada, il agirait sans nul doute ainsi». Couve de Murville lui répondit que de Gaulle avait pris sa décision, et que la portion fédérale était prévue à la fin du séjour [9].

La visite officielle du premier ministre Johnson

En avril 1967, Claude Morin effectue un voyage à Paris pour traiter de questions touchant à la coopération franco-québécoise. À l’occasion d’une rencontre avec des membres de l’entourage présidentiel, il discute avec un des conseillers diplomatiques du général de Gaulle, René de Saint Ligier, qui lui indique que le président comptait prendre la parole au Québec, en lui laissant «clairement entendre que, selon sa coutume, de Gaulle ne s’en tiendrait pas à des banalités [10]».

Quelques semaines plus tard, Daniel Johnson entame sa visite officielle dans l’Hexagone. Pour accueillir le premier ministre, de Gaulle a demandé que des drapeaux du Québec soient déployés en grand nombre à l’aéroport. Pendant son séjour, Johnson a droit aux honneurs traditionnellement réservés aux chefs d’État. Avec sa délégation, Johnson s’entretient avec les principaux membres du gouvernement français. À l’Élysée, il réitère sa volonté d’intensifier la coopération franco-québécoise, notamment dans le domaine économique.

Ces rencontres, qui s’effectuent dans un climat particulièrement chaleureux, donnent lieu à l’annonce de plusieurs mesures. Des fonctionnaires québécois auront ainsi la possibilité d’observer les travaux des organismes français chargés de la planification économique, et des stages seront offerts à des ingénieurs au Centre nucléaire de Saclay. Réciproquement, des techniciens français pourront se rendre dans des centres de recherche d’Hydro-Québec. L’ouverture d’un institut culturel et technique du Québec à Paris est même évoquée. Sur les conseils d’André Patry, Johnson propose la création d’un organisme bilatéral consacré aux échanges de jeunes, qui s’inspirerait du modèle de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ), fondé en 1963. De Gaulle souscrit immédiatement au projet et charge le ministre de la Jeunesse, François Missoffe, de veiller à sa réalisation dans les plus brefs délais. Au terme de son séjour, Johnson déclara à la presse qu’une «totale identité de vues s’[était] manifestée sur l’ensemble des problèmes» abordés avec les dirigeants français, et que ce voyage avait été des plus fructueux.

Les préparatifs du voyage du général de Gaulle

Après le voyage de Johnson, la préparation des différentes étapes du séjour présidentiel peut commencer. L’équipe constituée autour de Patry et de Marcel Masse, nommé ministre délégué à l’accueil des chefs d’État pour l’Exposition universelle, regroupant notamment Pierre-Marc Johnson, le fils du premier ministre, Jean-François Bertrand, le fils du ministre Jean-Jacques Bertrand, et Jean O’Keefe, travaille de concert avec l’ambassade de France à Ottawa. Jean Loiselle et Paul Gros d’Aillon effectuent également plusieurs séjours dans l’Hexagone durant le mois de juin.

Le 18 juin, une délégation française, comprenant notamment Bernard Durand, le chef du protocole, Gilbert Pérol, l’attaché de presse de l’Élysée, Jacques Aubert, le secrétaire général de la police, André Ducruet, le chef du service de la sécurité présidentielle, Georges Parat, le chef du service des voyages officiels, et Yves Flament, le médecin du président, effectue une visite à Ottawa et à Québec [11].

Plusieurs maires écrivent à André Patry pour associer leur ville aux festivités. Le 11 avril, Philippe A. Roy, maire de Gaspé, note que «selon les informations, le général de Gaulle partirait de Saint-Malo» et suivrait un programme «prenant en considération les liens historiques qui lient notre pays à la France». À ce titre, il proposait que le président français touche d’abord le sol canadien à Gaspé», afin de reconstituer «le plus fidèlement le premier voyage de Cartier [12]».

Le 18 mai 1967, le maire de Trois-Rivières, René Matteau, écrit au consul général de France à Québec. Prétendant que la presse avait révélé que «le général de Gaulle allait remonter le Saint-Laurent, comme l’a fait Jacques Cartier, à bord du Colbert», il souhaitait que le navire du président puisse s’arrêter devant la ville de Trois-Rivières pour monter à bord et présenter ses hommages au chef de l’État [13]. Le 31 mai, dans sa réponse au maire, l’ambassadeur de France lui indique que c’est en voiture que de Gaulle se rendra à Montréal, et qu’un arrêt aura probablement lieu à Trois-Rivières [14]. Le 5 juin, le maire écrit à André Patry pour lui demander d’inclure un arrêt dans la cité trifluvienne [15]. Le 29 juin, Patry l’informe que de Gaulle s’adressera à la population de la ville dans la cour du séminaire, et qu’un repas aura lieu dans le réfectoire de l’établissement [16]. Il indique également que la ville pourrait inviter 60 personnes au déjeuner offert en l’honneur de Gaulle.

Diverses demandes sont formulées. Le maire de Neuville écrit le 7 juillet à André Patry pour l’inviter à inclure un arrêt dans son village, qui «est chargé d’histoire, [comprenant] de nombreuses vieilles maisons datant même du Régime français sans compter le charme pitoresque [sic] d’être tout prêt du fleuve [17]». Le 17 juillet, Jean Deschamps, directeur général de la Société générale de financement du Québec, écrit à Marcel Masse pour lui demander d’inscrire au programme un arrêt d’une minute devant sa résidence lors du passage du cortège à Repentigny, un «endroit où mes ancêtres cultivaient la terre depuis plus de deux siècles», afin qu’une de ses filles puisse offrir un bouquet de fleurs au président français [18].

Les détails du dîner d’État prévu le dimanche 23 juillet au Château-Frontenac sont également arrêtés. La liste des invités comptera, au maximum 350 convives. Parmi les convives figurent le lieutenant-gouverneur, les membres du cabinet, les leaders du conseil législatif, le cardinal et l’évêque anglican, les juges en chef de la Cour d’appel et de la Cour supérieure, le commandant du Royal 22e Régiment, les maires de Québec, Montréal et Trois-Rivières, les membres du corps consulaire ainsi que plusieurs conseillers de Johnson. Il a été convenu d’inviter cinq personnalités du gouvernement fédéral, ainsi que l’ancien premier ministre Louis Saint-Laurent, à la demande du général de Gaulle.

Le programme du séjour officiel est ainsi adopté. Après une journée passée à Québec, le président empruntera le Chemin du Roy le 24 juillet, en compagnie de Daniel Johnson. Le lendemain sera consacré à la visite de l’Exposition universelle à l’occasion de la Journée nationale de la France. Le 26 juillet, diverses activités sont planifiées à Montréal, comme la visite du métro et de l’Université de Montréal. Il est prévu que la délégation française quitte ensuite la ville en direction d’Ottawa, où une cérémonie d’accueil aura lieu à 17h45 devant la flamme du Centenaire. Le soir à 20h, le gouverneur général recevra de Gaulle pour un dîner officiel. Celui-ci rencontrera le premier ministre Pearson le 27 juillet, pour un déjeuner officiel, avant une réception à l’ambassade de France. Le président français effectuera une visite à l’hôtel de ville d’Ottawa, puis à l’hôtel de ville de Hull pour la signature des livres d’or. Il était prévu que de Gaulle quitterait le Canada à 19h30, en direction de Paris.

L’arrivée de la délégation française

Au lendemain des cérémonies de la fête nationale française, de Gaulle prend la direction du port de Brest. Le 15 juillet 1967, de Gaulle embarque à bord du Colbert et quitte la France pour entamer la traversée de l’Atlantique. Durant ces quelques jours, il travaille à la rédaction des discours qu’il doit prononcer lors de ses différentes interventions prévues au programme.

Décorations posées le long du Chemin du Roy, 24 juillet 1967. Fonds Roland Lemire, BAnQ Trois-Rivières.

Au Québec, les derniers jours précédant l’arrivée du général de Gaulle donnent lieu à de nombreux préparatifs. Sur le Chemin du Roy, des milliers de fleurs de lys sont peintes sur la chaussée par les employés du ministère de la Voirie. Des drapeaux sont distribués dans les villes et accrochés aux poteaux téléphoniques. Pour assurer la retransmission radiophonique du voyage du président français, l’Office d’information et de publicité du Québec (OIPQ) loue les services de la station CKLM de Montréal, et engage des commentateurs pour suivre la cortège [19]. Les responsables de l’organisme élaborent un plan de campagne et de communication, sans publicité payée, pour faire connaître à la population le parcours et l’histoire du général de Gaulle [20]. Enfin, Jacques Lorion est chargé par l’OIPQ de produire un film sur la visite du président, dont il confie la réalisation à Jean-Claude Labrecque.

Pour assurer le transport du président, Jean O’Keefe met la main sur une limousine décapotable Lincoln à quatre portes qu’il achète en Ontario, le gouvernement du Québec n’en possédant pas. Au dernier moment, les plaques ontariennes sont remplacées par des plaques du gouvernement québécois, et une barre de métal est soudée afin de permettre à de Gaulle et Johnson de s’agripper pendant qu’ils sont debouts.

Le 20 juillet à 12h30, le Colbert accoste à Saint-Pierre-et-Miquelon. Durant une escale de quelques heures, le couple présidentiel visite l’archipel, premier territoire à avoir rejoint la France libre en décembre 1941. Vers 19h, le navire reprend la mer en direction des eaux territoriales canadiennes. Au cours de la soirée, deux frégates canadiennes viennent à la rencontre du Colbert afin de l’escorter sur le Saint-Laurent.

L’arrivée du général de Gaulle à bord du Colbert, 23 juillet 1967. Fonds Roland Lemire, BAnQ Trois-Rivières.

Le 21 juillet, Daniel Johnson a convoqué une conférence de presse au Château Frontenac. Il déclare aux 300 journalistes présents pour assurer la couverture médiatique que la visite du président va permettre au Canada anglais «de prendre conscience du fait français», offrant aux Québécois la possibilité de se reconnaitre comme un groupe distinct» [21].

Le 22 juillet, le ministre Couve de Murville et les membres de la délégation française arrivent à Montréal par avion. Ils sont ensuite pris en charge par les autorités québécoises et empruntent le jet du gouvernement, pour se rendre à Québec.

Pendant la nuit, le Colbert navigue sur le Saint-Laurent, salué par des feux de joie qui ont été allumés sur les deux rives par les sections locales de la Société Saint-Jean-Baptiste [22]. Dans quelques heures, le général de Gaulle allait débuter son périple au Québec

Samy Mesli, historien

Notes

1. Claude Morin, L’art de l’impossible, Montréal, Boréal, 1987, p. 70.
2. Christophe Tardieu, La dette de Louis XV, Paris, Éditions du Cerf, 2017, p. 225-226.
3. Maurice Vaïsse, La grandeur, la politique étrangère du général de Gaulle, Paris, Fayard, 1985, p. 653.
4. André Duchesne, La traversée du Colbert. De Gaulle au Québec en juillet 1967, Montréal, Boréal, 2017, p. 26.
5. Pierre-Louis Mallen, Vivre le Québec libre, Paris, Plon 1978, p. 96-97.
6. André Patry, Le Québec dans le monde, Montréal, Leméac, 1980, p. 31.
7. Dale C. Thomson, De Gaulle et le Québec, Éditions du Trécarré, Saint-Laurent, 1990, p. 234.
8. André Duchesne, op. cit., p. 33.
9. Dale C. Thomson, op. cit., p. 234.
10. Claude Morin, op. cit., p. 79.
11. Document de l’Ambassade de France à Ottawa, 14 juin 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
12. Lettre de Philippe-A. Roy, Maire de Gaspé à l’ambassadeur de France, François Leduc, 11 avril 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
13. Lettre de René Matteau, Maire de Trois-Rivières à Robert Picard, consul général de France, 18 mai 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
14. Lettre de l’ambassadeur de France, François Leduc, à René Matteau, Maire de Trois-Rivières, 31 mai 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
15. Lettre de René Matteau, Maire de Trois-Rivières à André Patry, 5 juin 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
16. Lettre de André Patry à René Matteau, Maire de Trois-Rivières, 29 juin 1967. Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
17. Lettre de Henri Papillon, Secrétaire-trésorier de la municipalité du village de Neuville à André Patry, 7 juillet 1967, Archives du Ministère des relations internationales - Direction du Protocole - E42 - Fonds 1989-11-004/159.
18. André Patry, Le Québec dans le monde, 1980, p. 67.
19. André Duchesne, op. cit., p. 84.
20. Jean Loiselle, Daniel Johnson. Le Québec d’abord, Montréal, VLB éditeur, 1999, p. 136.
21. Christophe Tardieu, op. cit., p. 318.
22. André Duchesne, op. cit., p. 44.